La semaine dernière avait lieu la Semaine de la Santé Auditive au Travail, l'occasion de faire le point sur cette problématique grâce aux dernières données de la Journée Nationale de l'Audition (JNA). Et le constat est sans appel : le bruit au travail reste un enjeu majeur de santé publique, avec des répercussions bien réelles sur la santé et la qualité de vie des salariés.
Des nuisances sonores persistantes malgré le télétravail
Selon la dernière étude de la JNA réalisée par l'Ifop en septembre 2022 auprès de 1103 actifs, 52% des salariés se disent gênés par le bruit et les nuisances sonores sur leur lieu de travail. Un chiffre quasiment inchangé depuis 6 ans, et ce malgré la généralisation du télétravail.
Pourtant, 38% des actifs pratiquent désormais le télétravail, à raison de 0,9 jour par semaine en moyenne. On aurait pu s'attendre à une baisse significative des nuisances perçues, mais ce n'est pas le cas.
Plusieurs explications à cela :
Le télétravail est encore majoritairement pratiqué de manière occasionnelle (1 jour par semaine ou moins pour 80% des télétravailleurs)
Même à distance, les visioconférences ou les appels téléphoniques génèrent du bruit
L'environnement domestique n'est pas toujours adapté pour travailler au calme
Bref, le télétravail n'est pas LA solution miracle contre le bruit, loin s'en faut.
Des secteurs et profils plus exposés
Certains secteurs d'activité ressortent comme particulièrement concernés par les nuisances sonores :
- Les ouvriers (64% se disent gênés)
- Le BTP et la construction (60% de gênés)
- L'agriculture et l'industrie (55% de gênés)
Côté profils, ce sont sans surprise les jeunes qui sont les plus impactés :
- 57% des 18-24 ans se disent gênés
- 65% des 25-34 ans
Soit 10 à 15 points de plus que leurs aînés.
Des répercussions bien réelles sur la santé
Au-delà du simple inconfort, le bruit a des conséquences bien concrètes sur la santé des salariés. Ainsi, 71% des actifs gênés par le bruit constatent au moins une répercussion sur leur quotidien :
Fatigue, lassitude, irritabilité (60%)
Stress (50%)
Troubles du sommeil (45%)
Gêne auditive (40%)
Et 29% observent même au moins 5 types de répercussions différentes !
Le bruit impacte également la sphère privée pour 52% des salariés gênés, en générant des tensions avec les proches ou des troubles du sommeil persistants une fois rentrés à la maison.
Quid des actions concrètes en entreprise ?
Face à ce constat, on pourrait s'attendre à une prise de conscience des employeurs et à la mise en place de solutions concrètes. Mais visiblement, il n'en est rien.
Seuls 51% des salariés estiment que leur employeur prend suffisamment en compte les enjeux de bruit et d'exposition sonore.
Et à peine 25% déclarent qu'au moins 3 mesures ont été mises en place parmi lesquelles :
- protections auditives individuelles
- réaménagement des espaces de travail
- création d'espaces calmes
- dépistages auditifs
- sensibilisation aux comportements bruyants
Un changement de paradigme s'impose
Ces résultats alarmants confirment qu'un changement de paradigme s'impose en entreprise sur ces questions. Le bruit n'est pas une fatalité, et de nombreuses solutions existent pour créer des environnements de travail plus sains.
Les experts de la JNA appellent ainsi les décideurs à intégrer ces problématiques dans leur politique de prévention des risques, au même titre que les risques psyco-sociaux par exemple.
Car derrière les chiffres, ce sont des femmes et des hommes qui souffrent, et il est plus que temps d'y remédier !
Qu'en pensez-vous ? Observez-vous ces mêmes constats dans votre entreprise ? Quelles pistes d'amélioration verriez-vous ? N'hésitez pas à partager votre expérience dans les commentaires !
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